Jean-Lin Lacapelle, à propos d’une industrie européenne du calcul à haute performance.
« Aujourd’hui, seulement 5 % des supercalculateurs sont européens, et aucun n’atteint la puissance de calcul de l’exaflop. La création d’une industrie européenne du calcul à haute performance est donc une priorité ! Il en va de notre souveraineté ! »
Intervention complète de Jean-Lin Lacapelle
Chers collègues,
Les supercalculateurs, sortes de super-ordinateurs, sont aujourd’hui l’une des clés de la souveraineté numérique. La climatologie, la cybersécurité, l’intelligence artificielle, la recherche médicale : autant de secteurs où les supercalculateurs deviennent indispensables.
Aujourd’hui, seulement 5 % des supercalculateurs sont européens, et aucun n’atteint la puissance de calcul de l’exaflop, c’est-à-dire de plus d’un milliard de milliards d’opérations à la seconde. La création d’une industrie européenne du calcul à haute performance est donc une priorité ! Il en va de notre souveraineté.
Nous nous réjouissons donc que ce projet d’« entreprise commune pour le calcul à haute performance européen » arrive à son terme après plus de huit ans d’attente.
Pour autant, l’Union européenne s’obstine à adhérer à son idéologie de la libre concurrence, responsable de la destruction de son industrie et de son savoir-faire.
Sur les sept supercalculateurs commandés par la Commission européenne, seuls quatre proviennent d’une entreprise européenne : en l’occurrence Atos. Trois le sont auprès de l’Américain Hewlett-Packard ou du Japonais Fujitsu.
Comment pouvez-vous, à longueur du rapport que nous étudions aujourd’hui, vanter le besoin d’indépendance de l’UE en matière de puissance de calcul, et, « en même temps », faire construire les supercalculateurs par des entreprises étrangères ?
De plus, l’Union européenne doit absolument recréer une industrie européenne du matériel informatique physique : il est inconcevable, comme c’est le cas pour Atos, que les composants utilisés soient uniquement fournis par des entreprises essentiellement américaines, comme AMD, Intel ou Nvidia.
L’UE doit aussi investir massivement dans les semi-conducteurs. Nous ne pouvons plus être dépendants des fondeurs de puces asiatiques, comme le démontre la pénurie actuelle.
L’Union européenne accuse un retard technologique majeur, dû à l’aveuglement idéologique et à l’incompétence de nos gouvernants. La libre concurrence, lorsqu’elle vise des secteurs stratégiques, est un non-sens. Seules l’indépendance et la souveraineté pourront nous permettre de retrouver notre rang technologique dans le concert des nations !